Gazette de l'infectiologie: Chikungunya : une vigilance accrue en métropole
Mercredi 06 Août 2025
Chikungunya : une vigilance accrue en métropole
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Au premier semestre 2025, une importante épidémie de chikungunya a sévi à La Réunion. Aujourd'hui présente en métropole, la maladie suscite depuis le début de l'été une surveillance accrue, car des contaminations locales autour de ces importations sont possibles.Le virus du chikungunya se transmet d'une personne à l'autre, généralement via le moustique tigre. Reconnaissable à ses rayures noires et blanches, il pique durant la journée. 2 à 10 jours plus tard, les symptômes se déclarent. « Cela ressemble à une grosse grippe, avec de la fièvre, des douleurs surtout articulaires et parfois des éruptions cutanées, qui apparaissent puis disparaissent spontanément au bout de quelques jours dans la plupart des cas », précise le Dr Émilie Mosnier, infectiologue au CHU de La Réunion. Cependant, environ un tiers des personnes touchées « conservent des douleurs articulaires à moyen ou long terme, évoluant parfois vers des polyarthrites chroniques très invalidantes. » Il n'existe pas de traitement spécifique contre la maladie ; seuls les symptômes peuvent être pris en charge. Dans de très rares cas, elle peut entraîner la mort, notamment chez les nouveau-nés, les personnes âgées ou celles présentant de lourdes comorbidités.
Le moustique tigre étant présent dans 81 des 96 départements métropolitains, le virus peut aujourd'hui se propager localement. Le Dr Mosnier fait le point sur la situation au 29 juillet, citant les données de Santé publique France : « 14 foyers de transmission autochtone ont émergé, totalisant 49 cas, surtout dans le sud de la France : 20 en PACA, 11 en Occitanie, 11 en Corse, 5 en Auvergne-Rhône-Alpes et quelques cas anecdotiques en Nouvelle-Aquitaine et Grand-Est. Il y en aura probablement d'autres cet été. » D'où l'importance de consulter son médecin en cas de doute. Lorsqu'un cas est confirmé, l'Agence Régionale de Santé (ARS) intervient en coordination avec des équipes spécialisées pour éliminer les moustiques et informer la population. Attention à l'eau stagnante, même en petite quantité. « Il faut supprimer les coupelles sous les plantes et couvrir les réservoirs d'eau avec des moustiquaires pour empêcher les moustiques de pondre », ajoute l'infectiologue. S'il n'y a pas lieu de paniquer, il est temps pour chacun d'appliquer les réflexes antimoustiques : porter des vêtements longs, utiliser des moustiquaires et des répulsifs, même la journée. Quant à la vaccination, elle n'est pour le moment pas recommandée en métropole.
Au-delà du chikungunya, d'autres virus (dengue, Zika, West Nile, Toscana) se propagent via les moustiques. « Avec le réchauffement climatique, ces épidémies deviendront de plus en plus fréquentes en été. Il existe un véritable enjeu d'éducation populaire, car une simple gestion des cas ne suffira pas », conclut Émilie Mosnier.