Gazette de l'infectiologie: Journée mondiale de la sécurité des patients

Mercredi 17 Septembre 2025
17 septembre 2025 : Journée mondiale de la sécurité des patients

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À l'occasion de cette journée mondiale consacrée à la sécurité des patients, focus sur une problématique qui prend de l'ampleur ces dernières années : les pénuries de médicaments.

Selon le site du Ministère de la Santé, une pénurie (ou « rupture d'approvisionnement ») d'un médicament se définit comme « une incapacité pour une pharmacie […] à dispenser un médicament à un patient dans un délai de 72 heures. » Pour le pédiatre et infectiologue Robert Cohen, des pénuries ponctuelles de médicaments ont toujours existé, mais auparavant de manière sporadique. « Il suffit d'un problème de fabrication ou de contrôle qualité, et des tensions d'approvisionnement apparaissent inévitablement. » Sauf que ces problèmes liés aux matières premières ne concerneraient que 10 % des pénuries actuelles, alors que celles-ci ne cessent de se multiplier ces dernières années.

Selon le baromètre 2025 des droits des personnes malades publié par France Assos Santé, 39 % des français et jusqu'à 53 % des personnes en affections de longue durée ont fait face à une pénurie de médicament. « Le problème a pris de l'ampleur pendant la crise Covid, montrant toute notre dépendance vis-à-vis de la Chine et de l'Inde qui produisent une grande partie de nos médicaments et dont les usines ont été mises à l'arrêt », observe le Pr Cohen. « Puis quand les mesures sanitaires ont été peu à peu levées, les maladies infectieuses sont revenues en masse. Or, nos stocks d'anti-infectieux n'étaient pas assez solides pour faire face à la demande ».

Au coeur de l'hiver 2022-2023, pas moins de 3000 molécules manquaient ainsi à l'appel, concernant tout type de médicaments comme le rappelle l'infectiologue. « Aucune classe thérapeutique n'est épargnée car c'est le fonctionnement même du marché du médicament qui est en cause. Nous avons en France une politique de génériques à bas coût, ce qui fait que lorsqu'il y a des tensions d'approvisionnement, les industriels ont tout intérêt à fournir en priorité nos voisins européens ou américains qui permettent une plus grande marge financière ».
Depuis, des mesures ont été prises pour limiter les risques de pénuries, avec un plan gouvernemental lancé en février 2024 et une amende record de 8 millions d'euros pour une dizaine de laboratoires ayant manqué à leurs obligations de stocks. De quoi apaiser la crise, sans pour autant la résoudre. Les antibiotiques ont par exemple vu les ruptures devenir de plus en plus rares, mais depuis le début de l'année 2025, c'est le secteur de la psychiatrie qui tire la sonnette d'alarme face à des pénuries en cascade de psychotropes pourtant essentiels aux patients.

« Il faut une vision à plus long terme, conclut le professeur Cohen, avec une politique européenne commune en matière de prix des génériques, mais aussi une meilleure formation des praticiens comme des patients sur le bon usage des médicaments, afin de limiter les consommations excessives ou inutiles ».
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