Gazette de l'Infectiologie: Journée mondiale de lutte contre le sida
Samedi 01 Novembre 2025
1er décembre 2025 : Journée mondiale de lutte contre le sida
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En France, environ 5 100 personnes ont été diagnostiquées d'une infection par le VIH en 2024. « On se stabilise à un niveau qui reste trop haut », précise le Pr Pierre Delobel, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Toulouse. 53 % des contaminations ont eu lieu via des rapports hétérosexuels, 42 % via des rapports sexuels entre hommes, « mais quand on regarde le détail, on a une hétérogénéité liée aux inégalités sociales et de santé tels que les problèmes d'accès au dépistage et aux moyens de prévention ».
Dans le monde, ce sont encore 1,5 million de nouveaux cas et 630 000 décès enregistrés en 2023. Si l'Europe de l'Est et les territoires de l'ex-URSS connaissent une augmentation inquiétante, l'Afrique reste de loin la région la plus touchée. « Avec les changements géopolitiques et notamment l'arrêt de l'aide américaine (USAID), nous sommes très inquiets d'un rebond, après des décennies d'amélioration. C'est d'autant plus dramatique que nous avons des outils efficaces », déplore l'infectiologue.
Parmi ces nouveaux outils : les traitements d'action prolongée, en préventif et en curatif. « Il y a eu des essais extrêmement prometteurs avec le lénacapavir utilisé en prophylaxie pré-exposition (PrEP), avec une injection sous-cutanée tous les six mois. » C'est même la découverte scientifique de l'année 2024 pour la revue Science. « Dans les mois ou années à venir arriveront aussi des traitements curatifs qui dureront quatre, voire six mois, au lieu de deux mois actuellement », ajoute Pierre Delobel.
Mais pour celui qui a coordonné la mise à jour des recommandations sur la prise en charge du VIH, les actions les plus importantes doivent se mener en amont, avant la contamination : « il faut renforcer la prévention, en particulier la PrEP, et le dépistage. Nous n'avons pas assez de campagnes d'information. Les enquêtes chez les lycéens montrent qu'ils sont très mal informés sur les modes de transmission. »
De son côté, la recherche continue, notamment avec de nouvelles stratégies d'immunothérapie. Parmi elles, des essais sont en cours avec les anticorps neutralisants à large spectre, qui bloquent le virus mais stimulent également le système immunitaire. Ils pourraient alors permettre à ce dernier de garder le virus sous contrôle, sans qu'un traitement antirétroviral ne soit nécessaire. On parlerait alors de rémission, un objectif plus réaliste que la guérison complète, qui impliquerait une éradication totale du virus de l'organisme aujourd'hui difficile à atteindre.
Un grand merci au professeur Pierre Delobel.
Ce reportage vous a été proposé par la Société
de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
Retrouvez plus d'articles sur le site
/fr/,
onglet « Pour le grand public ».
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Malgré des avancées en matière de traitement, la prévention et le dépistage du VIH restent les points faibles de la lutte contre le sida, auxquels s'ajoutent des coupes budgétaires dramatiques pour les pays les plus touchés.En France, environ 5 100 personnes ont été diagnostiquées d'une infection par le VIH en 2024. « On se stabilise à un niveau qui reste trop haut », précise le Pr Pierre Delobel, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Toulouse. 53 % des contaminations ont eu lieu via des rapports hétérosexuels, 42 % via des rapports sexuels entre hommes, « mais quand on regarde le détail, on a une hétérogénéité liée aux inégalités sociales et de santé tels que les problèmes d'accès au dépistage et aux moyens de prévention ».
Dans le monde, ce sont encore 1,5 million de nouveaux cas et 630 000 décès enregistrés en 2023. Si l'Europe de l'Est et les territoires de l'ex-URSS connaissent une augmentation inquiétante, l'Afrique reste de loin la région la plus touchée. « Avec les changements géopolitiques et notamment l'arrêt de l'aide américaine (USAID), nous sommes très inquiets d'un rebond, après des décennies d'amélioration. C'est d'autant plus dramatique que nous avons des outils efficaces », déplore l'infectiologue.
Parmi ces nouveaux outils : les traitements d'action prolongée, en préventif et en curatif. « Il y a eu des essais extrêmement prometteurs avec le lénacapavir utilisé en prophylaxie pré-exposition (PrEP), avec une injection sous-cutanée tous les six mois. » C'est même la découverte scientifique de l'année 2024 pour la revue Science. « Dans les mois ou années à venir arriveront aussi des traitements curatifs qui dureront quatre, voire six mois, au lieu de deux mois actuellement », ajoute Pierre Delobel.
Mais pour celui qui a coordonné la mise à jour des recommandations sur la prise en charge du VIH, les actions les plus importantes doivent se mener en amont, avant la contamination : « il faut renforcer la prévention, en particulier la PrEP, et le dépistage. Nous n'avons pas assez de campagnes d'information. Les enquêtes chez les lycéens montrent qu'ils sont très mal informés sur les modes de transmission. »
De son côté, la recherche continue, notamment avec de nouvelles stratégies d'immunothérapie. Parmi elles, des essais sont en cours avec les anticorps neutralisants à large spectre, qui bloquent le virus mais stimulent également le système immunitaire. Ils pourraient alors permettre à ce dernier de garder le virus sous contrôle, sans qu'un traitement antirétroviral ne soit nécessaire. On parlerait alors de rémission, un objectif plus réaliste que la guérison complète, qui impliquerait une éradication totale du virus de l'organisme aujourd'hui difficile à atteindre.
Un grand merci au professeur Pierre Delobel.
Ce reportage vous a été proposé par la Société
de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
Retrouvez plus d'articles sur le site
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onglet « Pour le grand public ».
