Gazette de l'Infectiologie: Le retour de la rougeole incite à la prudence

Mercredi 03 Septembre 2025

Le retour de la rougeole incite à la prudence

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En diminution mondiale depuis 20 ans, et même un temps éliminée de plusieurs pays à hauts revenus, la rougeole ressurgit actuellement. On observe à nouveau plus de 100 000 décès par an dans le monde liés à cette maladie. L'OMS a émis une alerte fin 2024, de même que Santé publique France au printemps 2025. Souvent grave, parfois mortelle, la rougeole n'est pas à prendre à la légère. Sans traitement spécifique, la vaccination reste la clé.

La rougeole est l'une des maladies les plus contagieuses : jusqu'à 20 personnes peuvent être contaminées par un seul malade. Le virus, du genre morbillivirus, se transmet par voie aérienne quand on expire, parle, tousse ou éternue. Si les symptômes paraissent superficiels (fièvre, yeux bouffis, puis tâches rouges sur la peau), « la rougeole est en fait une infection généralisée, qui peut toucher tous les organes : poumons, cerveau et autres. Elle peut entraîner des formes compliquées, comme des pneumonies et des encéphalites, parfois mortelles », précise Olivier Épaulard, infectiologue au CHU de Grenoble. Autre impact : elle affaiblit l'immunité pendant plusieurs mois, laissant la voie ouverte à d'autres maladies. La recrudescence de la rougeole est donc particulièrement surveillée en France.

Le bulletin du 14 août fait état de 802 cas, dont un tiers a nécessité une hospitalisation. « Le problème actuel de la rougeole est double. D'abord, la population adulte n'est pas suffisamment vaccinée », constate le Pr Épaulard, qui co-pilote le groupe vaccination-prévention de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF). En effet, 65 % des malades n'étaient pas ou incomplètement vaccinés. Le vaccin inclus dans le ROR (rougeole, oreillons, rubéole) est pourtant sûr – le supposé lien avec l'autisme s'étant révélé une fraude scientifique – et efficace à plus de 97 % après deux doses prises à un mois d'intervalle. Il est obligatoire pour les nourrissons de plus d'un an, et recommandé pour tous les adultes nés à partir de 1980.

« De plus, environ 0,5 % de la population française est immunodéprimée et ne peut pas recevoir le vaccin, enchaîne l'infectiologue. Tout le monde peut mourir de la rougeole, mais les immunodéprimés sont plus à risque. » C'était le cas dans les deux décès enregistrés depuis le 1er janvier. Un communiqué conjoint de trois sociétés savantes françaises alerte d'ailleurs sur ce problème. Autre public vulnérable : les femmes enceintes non immunisées et les nourrissons de moins d'un an.

Ces alertes internationales sont donc l'occasion de rappeler l'importance d'être à jour de sa vaccination contre la rougeole. Si vous n'avez jamais été vacciné mais que vous êtes exposé, le vaccin a encore sa place, car il protège s'il est réalisé dans les trois jours suivant le contact avec un cas de rougeole. Les personnes immunodéprimées, qui ne peuvent recevoir ce vaccin, doivent bénéficier d'une perfusion d'anticorps dans les six jours suivant l'exposition.
Se vacciner c'est se protéger, mais c'est aussi protéger les autres.
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