Gazette de l'infectiologie: Les Minicrobes
Lundi 12 Mai 2025
Les Minicrobes
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Les Minicrobes : les infections à hauteur d'enfant
Une collection de livres pour enfants, Les Minicrobes, explique aux 5-12 ans les maladies infectieuses pédiatriques. Des caries aux poux en passant par la gastroentérite, ces histoires ludiques et illustrées, écrites à hauteur d'enfants, éduquent les jeunes lecteurs et... leurs parents ! Rencontre avec l'autrice de la collection : Julie Lourtet-Hascoët, microbiologiste à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris.
Combler le manque de supports adaptés
Lancée fin 2023 par la maison GRRR...ART Éditions, la collection Les Minicrobes comprend aujourd'hui cinq titres : « Adeno et la conjonctivite », « Streptococa et l'angine », « Pasteurella et la morsure », « Varicella et la varicelle » et « Actino, Lacto et les caries ». Écrit par la Dre Julie Lourtet-Hascoët et illustré par Olivia Agostini, chaque tome suit le quotidien de Marius ou de sa soeur Alice. Le point de départ est toujours le même : un pépin de santé ancré dans leur quotidien, dû à une bactérie, un virus ou un parasite. Suivent alors, sous forme de petite histoire, la description des symptômes, un zoom sur la vie de l'agent infectieux en cause, le parcours de soin et enfin la guérison. À la fin de chaque tome, un petit questionnaire permet d'interroger les enfants sur leur compréhension du sujet. « L'objectif de la collection est double. D'abord, nous abordons la santé en général, en introduisant des notions d'anatomie et de défenses immunitaires. Ensuite, nous parlons des microbes et des maladies infectieuses le plus simplement possible. Le but est aussi de s'adresser aux parents en faisant passer des messages de santé publique », explique la microbiologiste, dont les recherches portent sur les infections de l'os et du coeur. La collection est soutenue par la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), dont la médecin est membre. L'idée lui est venue en réaction à un manque criant, précise-t-elle : « Il existe des supports médicaux très bien faits, mais en langage médical, trop technique ou scientifique. Nous manquions de support à destination des enfants et du grand public. »Vendus cinq euros en librairie ou en ligne, ces livres sont également distribués dans les services de pédiatrie, des cabinets médicaux et les bibliothèques scolaires.
Poser les bases de l'hygiène
En parallèle de ses activités hospitalières et de recherche, Julie Lourtet-Hascoët intervient bénévolement dans des classes de maternelle et de primaire. Elle entend alors le retour des enfants sur ses livres. Pour les caries par exemple, « les enfants ne font pas forcément le lien entre le sucre, les microbes et l'infection. L'idée est de leur expliquer le fonctionnement étape par étape : on a déjà des microbes dans la bouche ; ils ont une utilité, mais la balance entre l'alimentation et les soins dentaires a un impact sur leur prolifération. On insiste alors sur l'hygiène dentaire (brossage, changement de brosses à dents) et les consultations chez le dentiste. » Autre tome qui remporte un franc succès auprès des petits : celui sur les morsures d'animaux. « Les microbes des animaux les intriguent beaucoup. La plupart du temps, ils ne savent pas qu'il y a des microbes dans l'environnement, ni chez les animaux. On leur explique l'importance de bien prendre soin de son animal et de le vacciner », ajoute-t-elle. Dans l'histoire sur la conjonctivite, Adeno – pour adénovirus –, « un tout petit microbe », s'introduit dans l'oeil de Marius après qu'il se soit frotté les yeux avec les mains sales. L'accent porte alors sur l'importance de l'hygiène des mains pour prévenir la propagation de ce virus... et des autres.Introduire les notions d'immunité et de contagion
Autre exemple avec une maladie dont les enfants se souviennent longtemps : la varicelle. « On leur explique pourquoi il ne faut pas se gratter, ce que ça peut entraîner. On aborde les notions de contagiosité et de prévention collective. Ils comprennent très bien qu'il faut rester à la maison pour ne pas transmettre la varicelle à toute la classe. Au passage, on transmet aux familles le message sur l'éviction scolaire. » Julie Lourtet-Hascoët arrive aussi à faire passer des notions plus complexes, comme la mémoire immunitaire, qui explique pourquoi on n'est pas malade deux fois de la varicelle. Dans un autre tome, les petits découvrent le rôle des amygdales dans la production de globules blancs, « ces gardiens chargés de protéger le corps des microbes envahisseurs ». Enfin, des sujets prioritaires de santé publique sont adressés au jeune public : le bon usage des antibiotiques, par exemple.Initier au bon usage des antibiotiques
Dans « Streptococa et l'angine », la petite Alice découvre la différence entre les infections bactériennes et virales. Elle apprend que les antibiotiques ne fonctionnent que pour les bactéries. Comme l'angine est le plus souvent virale, rien ne sert d'en prendre, elle guérira toute seule. « On aborde la notion des tests rapides pour savoir si c'est bactérien ou pas. C'est très visuel pour eux, avec la petite bandelette qui se colore ou pas. Ils comprennent très bien que s'il n'y a pas la petite bandelette de couleur, ce n'est pas la peine d'aller donner le médicament. »La microbiologiste constate avec plaisir que les enfants sont particulièrement réceptifs à ses histoires. Ils posent de nombreuses questions et retiennent facilement les informations, qu'ils n'hésitent pas à partager de retour à la maison. « J'ai eu un exemple récemment d'une petite fille de 7 ans qui dit à sa maman "Tu as une angine, est-ce que tu as fait le test ?" La maman lui dit non. La petite lui répond "donc tu peux pas savoir si c'est viral ou si c'est bactérien". » CQFD.
Forte de ce succès auprès du jeune public, la microbiologiste travaille sur la suite de la collection : les poux, la gastroentérite, les verrues, la pneumonie, l'otite, l'herpès et l'impétigo sortiront sous peu. Elle réfléchit aussi à une collection s'adressant aux adolescents.
Un grand merci à la docteure Julie Lourtet pour son témoignage.
Ce reportage vous a été proposé par la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
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