Tuberculose

La journée mondiale de lutte contre la tuberculose, plus que jamais d'actualité.

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Malgré l'existence d'un traitement efficace, la tuberculose reste l'une des maladies infectieuses les plus meurtrières au monde.
Le 24 mars 1882, le docteur Robert Koch annonçait avoir découvert la bactérie responsable de la tuberculose, une maladie contagieuse qui affecte principalement les poumons, mais peut également s'étendre à d'autres organes. Cette date fut donc logiquement choisie pour la journée mondiale de lutte contre ce fléau. 140 ans plus tard, la « peste blanche » a certes reculé, mais reste la seconde maladie infectieuse la plus meurtrière dans le monde, juste derrière le Covid-19. En 2020, près de 10 millions de personnes ont ainsi développé une tuberculose, causant la mort d'un million et demi d'entre elles.
Pourtant, l'humanité dispose d'armes efficaces face au bacille de Koch. Loin d'être parfait, le vaccin existant – le fameux BCG – protège tout de même à plus de 80 % des formes les plus graves. Mais surtout, le traitement actuel s'avère particulièrement efficace. « Il s'agit classiquement de quatre antibiotiques pris pendant six mois, qui permettent une guérison dans 95 % des cas, rappelle la professeure de microbiologie Alexandra Aubry (Sorbonne Université/APHP/Centre Cimi-Paris). Malheureusement, dans plusieurs régions du monde se cumulent des problèmes d'accès au dépistage et d'accès aux traitements, soit parce que les centres de soins sont trop loin, soit parce qu'il y a des difficultés d'approvisionnement en antibiotiques ». Deux tiers des nouveaux cas dans le monde proviennent ainsi de seulement huit pays, en Asie du Sud-Est et en Afrique, l'Inde en tête.
Depuis une vingtaine d'année, un autre problème prend de l'ampleur et vient compliquer la lutte contre cette maladie : l'apparition de souches résistantes à un ou plusieurs des antibiotiques utilisés dans les traitements antituberculeux. « La liste des antibiotiques pouvant être utilisés en remplacement pour le traitement de ces tuberculoses résistantes est encore trop limitée, et beaucoup d'entre eux entraînent des effets secondaires qui peuvent être importants. Aussi, la recherche de nouveaux antituberculeux reste un enjeu important » explique Alexandra Aubry.
Malgré ces difficultés, l'OMS annonçait en 2015 un plan ambitieux visant à mettre un terme à l'épidémie au niveau mondial d'ici 2030. Avec une baisse de 11 % de l'incidence entre 2015 et 2020, loin des 20 % visés au départ pour cette période, l'objectif semblait déjà difficile à tenir avant l'arrivée du Covid-19. Celui-ci a depuis mobilisé une grande partie des centres, personnels et budgets initialement alloués à la lutte contre la tuberculose, provoquant un recul de plusieurs années de progrès en la matière.
En ce jour anniversaire, il est important de rester mobilisés et disponibles pour lutter contre la tuberculose.


Cet article vous a été proposé par la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).


Interview : Pr. Alexandra Aubry
Faculté de Médecine Sorbonne Université, Paris.
Cheffe d'équipe Emergence et propagation des multi-résistances aux antibiotiques, centre d'Immunologie et des Maladies Infectieuse, INSERM U1135, Paris.
Adjointe du chef de service de Bactériologie-Hygiène, AP-HP Sorbonne Université.
Centre National de Référence des Mycobactéries.
Centre de Référence des Infections Ostéo-Articulaires Complexes correspondant (CRIOAC).