Journée nationale de dépistage de l’hépatite C

16 octobre 2025 : Journée nationale du dépistage de l'hépatite C

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Malgré les traitements très efficaces pour lutter contre le virus de l'hépatite C, la question du dépistage freine la lutte contre l'épidémie.
Les traitements contre le virus de l'hépatite C (VHC) ont connu des progrès fulgurants ces dernières années. Malgré des prix exorbitants au départ, ces traitements particulièrement efficaces et bien tolérés (plus de 95 % de guérison) sont aujourd'hui bien plus accessibles. Alors, pourquoi l'OMS décompte encore 50 millions d'hépatites C chroniques dans le monde, avec un million de nouvelles infections chaque année ? Même en France, 133 000 personnes vivraient aujourd'hui avec la maladie.
« L'un des maillons faibles reste la question du dépistage », constate le Pr Gilles Pialoux, chef du service de Maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon (Paris). « Se faire dépister permet non seulement d'accéder aux traitements, mais aussi de limiter les risques de transmission ». En effet, les patients infectés ne le savent souvent pas car les symptômes (cirrhose, diabète, cancer du foie, etc.) n'apparaissent que très tard dans l'évolution de la maladie, contribuant ainsi à la diffusion du virus. Pour enrayer ce processus, il faut dépister et traiter les personnes infectées.
En 2016, la Haute Autorité de Santé (HAS) avait suggéré un dépistage systématique de tous les français au moins une fois dans leur vie. C'est ce qu'a ensuite recommandé en 2024 la société française d'hépatologie, de même que le dépistage des personnes à risque : usagers de drogues intraveineuses, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, personnes ayant subi une chirurgie lourde, une greffe de tissu, de cellules ou d'organe, détenus, etc. « C'est une décision basée sur le rapport coût-bénéfices d'une campagne de dépistage systématique. Les recommandations actuelles de la HAS sont de dépister prioritairement toutes les personnes à risque et ce de manière répétée. »
Alors que la politique de dépistage plus large reste aujourd'hui controversée, le Pr Pialoux avance plusieurs pistes pour freiner l'épidémie : intégrer le VHC dans les dépistages classiques des infections sexuellement transmissibles, sensibiliser médecins et grand public sur l'importance et les modalités du dépistage, et enfant cibler les « poches de résistance » du virus (prisons, hôpitaux psychiatriques, usagers de drogues, etc.).
« C'est un modèle assez exemplaire d'une maladie chronique virale pour laquelle on a des outils très performants de dépistage et de traitement », conclut le spécialiste. « Il y a en théorie tout ce qu'il faut pour en venir à bout, mais la mise en pratique est forcément plus complexe ».
 
Un grand merci au professeur Gilles PIALOUX.


Ce reportage vous a été proposé par la Société
de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
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